mercredi 13 mai 2015

Les Dénonciateurs

Avete, Χαίρετε!

En ce long week-end, j'ai décidé de pratiquer l' otium cher aux Romains et de "taquiner la Muse" en me lançant dans une réécriture du Déserteur de Boris Vian. Il s'agit d'une lettre que j'envisage d'envoyer à un destinataire que vous reconnaîtrez.


Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Venant du ministère
Un projet délétère
Et suis au désespoir

Monsieur le Président
Je ne peux pas me taire
Je ne suis pas sur terre
Pour mentir aux enfants
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je vais manifester

Nous sommes dédaignés
Nous sommes en colère
Devant des circulaires
Et des gens méprisants
Des collègues ont souffert
Devant cette hécatombe
Qui leur liberté plombe
Et l'École dessert

Car pour bien enseigner
Il faut garder la flamme
Qui réchauffe notre âme
Et rester passionné
Mardi de bon matin
Je fermerai ma porte
Et suivrai les cohortes
Pour d'autres lendemains

Nous crierons de dépit
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et nous dirons aux gens:
Refusez d'obéir
Pour sauver les horaires
Les cours disciplinaires
Qu'il faut reconquérir

Ce métier d'enseignant
Qui est encore le nôtre
Est attaqué des vôtres
Monsieur le Président
Si vous nous rejetez
Prévenez vos ministres
Qu'en signant le registre
Nous saurons bien voter !


Valete, Χαίρετε!

3 commentaires:

  1. Vian aurait été fier de voir ses paroles ainsi repensées. Fervent défenseur de notre langue et l'un des meilleurs écrivains du XXème siècle, il n'aurait pas renié ces mots et se serait lui aussi insurgé.

    RépondreSupprimer
  2. Très belle réécriture: amusante, sincère, à la fois légère et poignante. Ma préférée parmi toutes les petites créations piquantes que j'ai pu lire et qui fleurissent ici ou là. J'y renvoie ici : http://bit.ly/1HjbVki

    RépondreSupprimer

Ce commentaire apparaîtra après modération.